Matériaux Recyclés : Une Mode Pleine de Sens
Matériaux recyclés
Pour freiner l’accélération de la production et de la consommation dans l’industrie de la mode, le recyclage s’est imposé comme une pratique incontournable. Mais soyons clairs, il ne peut pas tout résoudre. En effet, de nombreuses contraintes techniques, écologiques et pratiques limitent son efficacité.
Voyons cela de plus près.
En France, environ un tiers des textiles collectés est recyclé pour renaître sous forme de nouvelles matières. Pourtant, moins de 1 % de ces vieux vêtements finiront par devenir un nouveau vêtement. Et ce processus de transformation, bien qu’utile, peut lui-même générer de la pollution.
Les Limites du Recyclage Textile
Le recyclage textile présente des défis importants. Lorsqu’on recycle des textiles, on obtient des fibres courtes et de moins bonne qualité. Ces fibres ne peuvent pas être utilisées seules pour fabriquer de nouveaux vêtements. Pour répondre aux exigences du marché, elles doivent être mélangées avec des fibres vierges.
Aujourd’hui, l’idée de recycler les textiles en boucle fermée, de façon « infinie », est encore hors d’atteinte. L’ampleur de la production textile et la nature des articles produits rendent ce processus utopique. On ne peut pas éviter l’ajout de matières vierges pour compenser les pertes et la dégradation des matériaux tout au long du recyclage.
En plus de cela, certains choix industriels compliquent ou rendent le recyclage impossible :
- La composition des textiles : Les vêtements faits de fibres mélangées, comme le coton-polyester, sont beaucoup plus difficiles à recycler que ceux en fibres uniques (par exemple, 100 % coton), car ces mélanges n’ont pas les mêmes propriétés. Et aujourd’hui, la majorité des vêtements produits sont des mélanges que peu d’entreprises sont capables de recycler.
- Les choix de confection : Les boutons, fermetures éclair, ou encore les strass, doivent être retirés avant que le textile puisse être recyclé.
Le recyclage lui-même n’est pas exempt d’impact environnemental. La collecte, le transport, et la transformation consomment des ressources énergétiques et naturelles (en particulier beaucoup d’eau), tout en générant des émissions de CO2 et parfois même des substances polluantes.
Enfin, il peut avoir un effet psychologique pervers : en nous laissant croire que recycler est suffisant, nous risquons de retarder la remise en question nécessaire de nos habitudes de consommation et d’éviter les choix plus radicaux qu’il nous faudrait pourtant faire en tant que société.